Berthas Augen

Charles-Pierre Baudelaire

(* 9. April 1821 in Paris; † 31. August 1867 ebenda)

Berthas Augen

Den herrlichsten Augen seid ihr überlegen,
Ihr Augen meines Kindes, süß wie die Nacht
Entströmt euch der Güte milder Segen,
Ihr Augen, schenkt zaubrischen Dunkels Macht!

Ihr Augen, Geheimnisse, die ich verehre,
Ihr seid jenen magischen Grotten gleich,
Wo hinter der Schatten lethargischer Schwere
Vag schimmert verborgener Schätze Reich.

Mein Kind hat Augen, tief, weit und dunkel
Wie du, o Nacht, voll leuchtender Glut.
Glaube und Liebe brennt in ihrem Gefunkel,
Das, lüstern oder keusch, auf dem Grunde ruht.

Deutsch von Cajetan Freund, aus: Charles Baudelaire, Strandgut. Wiesbaden: Limes, 1947, S. 31

LES YEUX DE BERTHE


Vous pouvez mépriser les yeux les plus célèbres,
Beaux yeux de mon enfant, par où filtre et s’enfuit
Je ne sais quoi de bon, de doux comme la Nuit !
Beaux yeux, versez sur moi vos charmantes ténèbres !


Grands yeux de mon enfant, arcanes adorés,
Vous ressemblez beaucoup à ces grottes magiques
Où, derrière l’amas des ombres léthargiques,
Scintillent vaguement des trésors ignorés !


Mon enfant a des yeux obscurs, profonds et vastes,
Comme toi, Nuit immense, éclairés comme toi !
Leurs feux sont ces pensers d’Amour, mêlés de Foi,
Qui pétillent au fond, voluptueux ou chastes.

Les Épaves, à l’enseigne du Coq, 1866 (p. 67-68).

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